Rechercher dans ce blog

mercredi 31 janvier 2018

Le design du jardin... à tâton

Oui, oui, nous savons... Nous avons été bien silencieux sur le blog, beaucoup nous l'ont fait remarqué. La résolution de 2018 est d'essayer de le tenir un peu plus régulièrement (essayer...) parce qu'on a encore envie d'évoquer plein de choses, notre projet de restaurant, l'école pour les enfants, nos choix de vie, etc.
Pour bien commencer l'année, Alex a pris les manettes du blog pour faire un petit point sur le jardin, work in progress, future jungle comestible. Bonne lecture à tous, et à très vite !
----------

Il y a maintenant plus de deux ans que nous avons acquis le terrain... 
Je me souviens, à l'époque, nous vivions à 20km de celui-ci, et j'avais passé une commande de petits fruitiers (framboisiers, groseilliers à grappe et à maquereaux, fraisiers). J'avais voulu vite les planter, un peu comme le symbole du drapeau qu'on plante sur une nouvelle terre conquise ! Il pleuvait des cordes et j'avais mis mon plus beau poncho de pluie.

Gros poncho et poncho junior plantent les myrtilliers devant le chalet. Novembre 2016.
J'avais tout mis dans le fond du terrain parce qu'à l'époque je savais que les grues et autres pelleteuses allaient faire de grosses tranchées bien dégueu pour y passer nos tuyaux d'écoulement des eaux et d'électricité.
Depuis, certains plants que j'avais mis là-bas ont été déplacés pour être mis au -ce que je juge être- bon endroit.
C'est vraiment le fait de vivre sur le terrain qui détermine l'endroit où l'on décide de mettre tel ou tel arbre, bâtiment ou rien du tout. Ça me fait un peu rire de voir des gens en formation de permaculture avec un calepin et un crayon pour délimiter des zones, alors qu'ils n'ont qu'un aperçu des lieux à un moment T. Vous me direz ça s'appelle « l'urbanisme ». Eh bien je trouve que ça manque pas d'air de décider d'un paysage sans consulter la population qui vit l'endroit au quotidien...
Le moindre bout de bâton ou pierre posée à un endroit sans y réfléchir va déterminer des trajets, des murs fictifs, des promenades moins aisées que d'autres, (ou des trébuchades, et je ris en m'en remémorant quelques unes...). Parfois il suffit juste de tailler une haie trop haute pour se rendre compte qu'elle nous étouffait complètement.

Bref, depuis notre acquisition, il y a eu du chemin de fait et il n'y a pas un jour en me promenant sur le terrain ou une nuit sans que je réfléchisse à quelle culture est plus propice à cet endroit-là plutôt qu'à un autre. Cet endroit a du soleil toute la journée mais exposé au vent, celui-ci est plutôt humide mais pas trop ombragé, celui-ci est bien ensoleillé le matin, mais plus du tout la journée, celui là est sec mais très ombragé... 
C'est un véritable casse-tête chinois que de se demander si la plante est faite pour aller à cet endroit précis.
C'est un casse-tête aussi et surtout parce que nous voulons une abondance de fruits sur le terrain, et plus globalement de choses à manger...
C'est un casse-tête aussi parce qu'au final même en étant deux à la maison pour deux enfants, le temps nous est vraiment compté ! Qui pensait qu'en étant deux parents au foyer on se la coulerait douce ? Moi j'avoue j'y avais un peu cru...

Il y avait pas mal de boulot à faire car les anciens proprios avaient aussi envie de planter des trucs partout mais... des trucs qui ne se mangent pas et qui prennent de la place, mais qui ont eu le mérite de nous donner des idées quant aux chemins et zones du terrain, ce qui est du temps de gagné ! 
Il y avait quand même aussi et heureusement 4 noisetiers, un cerisier, quelques fraisiers et framboisiers çà et là qui débordaient de chez le voisin. 

J'ai donc remplacé une douzaine de mètres de haie de troènes esthétique (contre un mur) par des framboisiers, ce qui m'a pris un certain temps je ne vous le cache pas. Car je dois le préciser, je n'aime pas travailler avec des gros outils qui font plein de bruits, je préfère y passer du temps mais pouvoir écouter les oiseaux et la nature autour de moi. J'ai aussi l'impression qu'une tronçonneuse transmet une mauvaise énergie à l'arbre ainsi amputé, je préfère y aller tout doux, à la main, en toute conscience de ce que je fais et puis ça force à bien réfléchir à ce qu'on fait, puisqu'on y met un gros effort et qu'on ne joue pas à massacre à la tronçonneuse, prêt à tout dégommer sur son passage et à raccourcir tout ce qui bouge.

Tout le tour du fond du terrain et une bonne partie de l'avant était garnie de troènes.
Heureusement, nous avons parfois un peu d'aide dans nos menus travaux :

Merci Cédric pour ce petit tressage de noisetier
Merci Sylwia et Chris pour le décorticage de noisettes
Et hop on va se cueillir une courgette tranquillou
L'idée de notre terrain est qu'il y ait partout à manger et en toute saison.
Il y a des parcelles de potager sur tout le terrain, qui font en général un bras à deux bras de large, avec un pied de large pour les allées entre chaque parcelle pour pouvoir les travailler.
Ces parcelles sont dédiées aux cultures potagères qui nécessitent d'être plantées en ligne pour faciliter la récolte. 
Mâche dans pavés
Certaines cultures sont en cours « d' ensauvagisation », c'est à dire livrées à elles-même dans une partie du terrain non cultivée (non remuée). Par exemple, la mâche est semée dans les interstices de pavés autobloquants ou au pied des planches en bois délimitant les parcelles. Ainsi elle est récoltée en partie et le reste se resèmera au même endroit ce qui évitera de repenser à en semer... Elle se propagera alors un peu plus chaque année jusqu'à devoir être éliminée pour être mangée si elle déborde de sa zone. (dans le jargon on dit  que ça gagne ! )
L'observation est de mise également car elle permet d'avoir de nouvelles idées d'association.
Là où poussaient les chardons, j'ai mis des pieds d'artichaut. C'est la même famille de plantes, alors autant que ça se mange...
Là où la terre ressemble plus à du sable j'ai mis des griffes d'asperges

Notre aspergeraie, ici les racines
Y'a plus qu'à attendre 1 an pour déguster !

L'idée de la délimitation de zones sert à réduire les trajets potager-cuisine ou travaux de jardin-appentis ou jardin-cuve à eau-de-pluie etc.
Donc naturellement les aromates tels persil, ciboulette, basilic sont plantés au pied de la maison, tandis que le maïs sera relégué tout au fond du jardin.
Le trajet gourmand est aussi sympa à anticiper. Plutôt que d'aller au spot de framboises au fond du jardin, pourquoi ne pas aussi en mettre sur le trajet qui va de la maison à la buanderie. Hop en passant trois quatre framboises, le panier de linge à la main. C'est ça qu'est bon !
Blés  anciens au fond du jardin
Délimitation des parcelles
Plantations et semis
C'est pratique d'avoir des parcelles peu larges pour travailler dessus
La diversification des variétés est très importante pour moi aussi (ndlr : moi je dirais que c'est carrément une obsession ahah). Notamment parce qu'une framboise peut être rouge, mais aussi blanche, noire, violette avec parfois des goûts vraiment différents ! Le fait de planter beaucoup de variétés différentes permet aussi d'étaler les récoltes. Certaines variétés vont donner des fruits plus tôt que d'autres mais vont s'arrêter aussi très tôt. Il faut alors qu'un autre framboisier prenne le relais ! Et là je parle que des framboises mais pour tous les fruits (et légumes) c'est pareil ! Une carotte ou un navet, ce n'est pas qu'une carotte et un navet ! C'est en ça que le jardin est génial, on peut y découvrir un monde de saveurs inconnues jusqu'alors !

Une camerise, baie du camerisier, première baie de l'année avant les fraises!
Myrtilles américaines
Installation pour haricots grimpants
Je suis vraiment content de ce que j'ai pu aménager en un an et demi. Les parcelles sont quasiment toutes délimitées, alors qu'au printemps dernier je devais griffer chaque parcelle avant de semer, et ainsi me poser la question de l'emplacement. Maintenant ça y est, les parcelles on n'y touchera quasiment plus, et y a plus qu'à les nettoyer au printemps pour semer !

Plant et étiquette
Du coup sur le terrain, nous avons plein de fruitiers tout bébés partout avec des étiquettes blanches, jaunes ou oranges, alors j'ai mis plein de tuteurs pour repérer les plus petits d'entre eux (genre myrtilliers, airelles, ou cranberries minuscules), et je note scrupuleusement dans un cahier tous mes arbustes avec leur nom de variété et date de plantation.



Petite partie de notre récolte de noisettes

On a cultivé la lady  godiva : courge à graines, la courge en elle-même n'est pas bonne
Mais les graines sont top et n'ont pas besoin d'être décortiquées !

On réfléchit aussi à construire une cabane pour les enfants dans notre noisetier appelé Big Mama ou Champignon Nucléaire, qui prenait tout le fond du terrain, jusqu'à ce qu'on l'élague un petit peu au fur à mesure. L'idée de la cabane m'est venue alors que j'étais au creux de l'arbre en train de scier les branches extérieures. On se sent tellement bien dans un arbre ! C'est fou ! C'est une expérience à vivre.

En tout cas rien ne presse. On vise l'autonomie alimentaire sans stress. Notre objectif est de manger sur le jardin en toutes saisons.  Déjà des légumes frais, mais ensuite légumes secs (notre consommation de pois chiche est invraisemblable) et puis fruits bien sûr. Il faut alors apprendre non seulement à jardiner mais à corréler ça avec notre consommation. Qu'est-ce qu'on mange quand et en quelle quantité ? Une fois que la base de notre alimentation viendra principalement du jardin, alors j'aurai l'esprit un peu plus tranquille pour d'autres projets !
Je trouve cela tellement enrichissant de savoir produire sa nourriture, et pouvoir se reconnecter à ses besoins vitaux et à la saison car connaître les dates de récolte et durées de conservation des aliments s'apprend également...
Bref j'en ai encore pour quelques années d'apprentissage...