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mardi 13 novembre 2018

Une jungle de petits fruits

Mon travail de jardinier paysagiste employé par ma famille continue sans cesse, jusqu'à épuisement du moindre centimètre carré ! Car oui, même quand rien ne peut apparemment pousser, la nature nous prouve le contraire :

Une belle salade chicorée de Vérone re-semée spontanément dans les cailloux
En continuant de chercher des places pour mettre arbres et arbustes, j'ai passé beaucoup de temps sur des sites de pépinières en ligne qui vendent des trucs introuvables à côté de chez soi. Finalement, j'ai été piqué par la collectionnite de variétés de petits fruits car j'ai découvert qu'il en existe de nombreuses variétés ! Une framboise n'est pas juste une framboise, elle peut avoir plusieurs types de goûts et plusieurs couleurs ! Elle peut être quasiment blanche, ou franchement jaune, orange, rouge vermeille ou violette et même noire. Tout ça avec une palette de goûts et de textures différente.
Le gourmand que je suis n'a pas pu résister à vouloir TOUTES les avoir. Et c'est terrible car il n'y a là franchement clairement pas assez de place sur 1200m2 pour les avoir toutes en bonne santé, sachant qu'on doit aussi manger des patates.
Voilà un très petit aperçu du jardin en ce 13 novembre 2018. Tout est encore tellement petit et peu productif encore ! Les toutes premières plantations datent de novembre 2015, mais la grosse majorité a été planté, voire replanté et re-déplacé (eh eh oui on tâtonne...) en automne 2016 et mars 2017.

Myrtillier Tifblue

Myrtillier Centurion

Rosier et ronce sauvage

Tayberry "buckingham" croisement d'une mûre et framboise, sans épines

Boysenberry : autre croisement complexe entre deux ronces et un framboisier
Une allée de framboisiers plantés en 2017, donc encore tout bébé

Framboisier américain à framboises noires rubus occidentalis

Non ce n'est pas une myrtille géante ! mais une courge dont on ne consomme que les graines sans peau (vendues en magasin bio surtout.) La chaire n'est pas bonne.

Framboisier arctique, un framboisier à ras du sol qui pousse au nord de la scandinavie. Ici on voit la feuille marron qui est en train de mourir...

... mais la relève est assurée pour l'année prochaine ! (les petites pousses vertes qui sortent comme des endives)

Liane kiwaï, mini kiwi au goût de bonbon, qui grimpe sur le chalet

Arbre aux faisans. Les fruits noirs et mous ont un goût de caramel...brûlé

Myrte Apiculata. Les fruits seront rouges et petits, je ne connais pas encore
Il y en aurait encore beaucoup, un ragouminier ou cerisier de Nankin, un goumi du Japon, des vignes, des fraisiers aussi ! J'ai trouvé une ronce qui donne des mûres blanches ! Une autre qui en donne plus tôt que les autres, une autre qui en donne jusqu'en décembre si pas de gel ! Des fraises au goût d'abricot, des fraises blanches succulentes, tout ça me passionne tellement que je continue à chercher les emplacements pour pouvoir ajouter de nouveaux membres à ma collection. Et pourtant la place diminue inexorablement car je dois aussi penser au potager...
Et puis il y a les petits fruits qu'on doit resemer : les physalis par exemple. Mais là aussi j'ai découvert d'autres annuelles intéressantes bref.

Je me pose éventuellement la question de me réorienter professionnellement dans la multiplication de fruitiers à petits fruits. Ça devient tellement pointu et recherché que je trouve ça dommage que tout le monde ne profite pas d'une telle diversité ! Au moins pour ceux ayant la chance d'avoir un jardin.
Je pourrais aussi multiplier tout ça et le donner à qui mieux mieux, mais je pense que donner une dimension professionnelle à cette passion pourrait me faire découvrir des techniques et des variétés, et creuser encore plus loin le sujet, tout en donnant aux amis le fruit de mes recherches.
J'aimerais aussi faire de la recherche dans le sens opérer à des croisements d'espèces. Une de mes idées serait de croiser une framboise jaune avec une mûre blanche, ce qui serait intéressant car les fruits seraient peu attractifs pour les oiseaux. Eh oui, les oiseaux mangent énormément nos petits fruits...  Mais en sèment des nouveaux...

Quant au potager, il entame sa dormance tout doucement. Plus de récolte pour maintenant, la saison est terminée !
Pour l'hiver, je laisse un manteau d'herbes spontanées (mon expression personnelle pour "mauvaises herbes") protéger le sol
Une parcelle de potager type, en transition vers l'hiver
A l'automne les fortes pluies dament le sol lorsqu'il est nu. Non seulement les nutriments en surface ruissellent et se perdent, mais en plus, l'eau en séchant va former une croûte qui empêche tout échange gazeux entre la surface et la profondeur du sol.
Au contraire, lorsque la végétation est encore là, l'eau ruisselle sur les feuilles, les tiges, puis s'infiltre dans le sol par les racines des plantes. Ainsi, l'eau est acheminée dans les nappes. Le sol a gardé son humus. De plus, ces plantes vont également jouer un rôle protecteur pour les animaux qui vivent à la surface du sol et notamment pendant les périodes de gel. Car les animaux sont nos amis : par exemple, ceux qui vivent dans les tiges creuses des plantes seront utiles pour contrôler certains parasites, lorsque les beaux jours reviendront...
Il existe des techniques de couvert végétal où l'on sème une ou deux sortes de plantes (trèfle et seigle, luzerne, moutarde....) mais laisser les herbes "envahir" spontanément le jardin évite d'acheter des semences et produit autant de couvert.

Ça c'était technique ! Globalement, je pense dans ma façon de jardiner à favoriser la vie. Que tout le jardin soit attractif pour le plus grand nombre d'espèces (végétales, animales, champignons...).
On a pu voir une différence cet été notamment sur le nombre de papillons, bien plus élevé que l'année précédente !
Machaon : ce papillon apprécie le persil en fleurs !

Bon, maintenant on en parle de cette bonne résolution que nous étions censés prendre en janvier, d'écrire un peu plus sur ce blog ? Pas un seul article entre janvier et novembre....
Mais mais mais, la plupart d'entre vous savent que nous avons une très jolie circonstance atténuante...
La voici :
Nous voilà 5 à la maison, notre petite Béryl nous ayant rejoint il y a 3 semaines aujourd'hui...
Tous ces mois passés ont été dédiés à cette grossesse (assez sportive) et à la construction de notre bâtiment/buanderie, on vous mettra des photos. On pense aussi à un petit article sur la vie avec 3 enfants en bas âge (et très actifs) dans 20m2... Mais on ne promet pas de délai cette fois-ci !




mercredi 31 janvier 2018

Le design du jardin... à tâton

Oui, oui, nous savons... Nous avons été bien silencieux sur le blog, beaucoup nous l'ont fait remarqué. La résolution de 2018 est d'essayer de le tenir un peu plus régulièrement (essayer...) parce qu'on a encore envie d'évoquer plein de choses, notre projet de restaurant, l'école pour les enfants, nos choix de vie, etc.
Pour bien commencer l'année, Alex a pris les manettes du blog pour faire un petit point sur le jardin, work in progress, future jungle comestible. Bonne lecture à tous, et à très vite !
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Il y a maintenant plus de deux ans que nous avons acquis le terrain... 
Je me souviens, à l'époque, nous vivions à 20km de celui-ci, et j'avais passé une commande de petits fruitiers (framboisiers, groseilliers à grappe et à maquereaux, fraisiers). J'avais voulu vite les planter, un peu comme le symbole du drapeau qu'on plante sur une nouvelle terre conquise ! Il pleuvait des cordes et j'avais mis mon plus beau poncho de pluie.

Gros poncho et poncho junior plantent les myrtilliers devant le chalet. Novembre 2016.
J'avais tout mis dans le fond du terrain parce qu'à l'époque je savais que les grues et autres pelleteuses allaient faire de grosses tranchées bien dégueu pour y passer nos tuyaux d'écoulement des eaux et d'électricité.
Depuis, certains plants que j'avais mis là-bas ont été déplacés pour être mis au -ce que je juge être- bon endroit.
C'est vraiment le fait de vivre sur le terrain qui détermine l'endroit où l'on décide de mettre tel ou tel arbre, bâtiment ou rien du tout. Ça me fait un peu rire de voir des gens en formation de permaculture avec un calepin et un crayon pour délimiter des zones, alors qu'ils n'ont qu'un aperçu des lieux à un moment T. Vous me direz ça s'appelle « l'urbanisme ». Eh bien je trouve que ça manque pas d'air de décider d'un paysage sans consulter la population qui vit l'endroit au quotidien...
Le moindre bout de bâton ou pierre posée à un endroit sans y réfléchir va déterminer des trajets, des murs fictifs, des promenades moins aisées que d'autres, (ou des trébuchades, et je ris en m'en remémorant quelques unes...). Parfois il suffit juste de tailler une haie trop haute pour se rendre compte qu'elle nous étouffait complètement.

Bref, depuis notre acquisition, il y a eu du chemin de fait et il n'y a pas un jour en me promenant sur le terrain ou une nuit sans que je réfléchisse à quelle culture est plus propice à cet endroit-là plutôt qu'à un autre. Cet endroit a du soleil toute la journée mais exposé au vent, celui-ci est plutôt humide mais pas trop ombragé, celui-ci est bien ensoleillé le matin, mais plus du tout la journée, celui là est sec mais très ombragé... 
C'est un véritable casse-tête chinois que de se demander si la plante est faite pour aller à cet endroit précis.
C'est un casse-tête aussi et surtout parce que nous voulons une abondance de fruits sur le terrain, et plus globalement de choses à manger...
C'est un casse-tête aussi parce qu'au final même en étant deux à la maison pour deux enfants, le temps nous est vraiment compté ! Qui pensait qu'en étant deux parents au foyer on se la coulerait douce ? Moi j'avoue j'y avais un peu cru...

Il y avait pas mal de boulot à faire car les anciens proprios avaient aussi envie de planter des trucs partout mais... des trucs qui ne se mangent pas et qui prennent de la place, mais qui ont eu le mérite de nous donner des idées quant aux chemins et zones du terrain, ce qui est du temps de gagné ! 
Il y avait quand même aussi et heureusement 4 noisetiers, un cerisier, quelques fraisiers et framboisiers çà et là qui débordaient de chez le voisin. 

J'ai donc remplacé une douzaine de mètres de haie de troènes esthétique (contre un mur) par des framboisiers, ce qui m'a pris un certain temps je ne vous le cache pas. Car je dois le préciser, je n'aime pas travailler avec des gros outils qui font plein de bruits, je préfère y passer du temps mais pouvoir écouter les oiseaux et la nature autour de moi. J'ai aussi l'impression qu'une tronçonneuse transmet une mauvaise énergie à l'arbre ainsi amputé, je préfère y aller tout doux, à la main, en toute conscience de ce que je fais et puis ça force à bien réfléchir à ce qu'on fait, puisqu'on y met un gros effort et qu'on ne joue pas à massacre à la tronçonneuse, prêt à tout dégommer sur son passage et à raccourcir tout ce qui bouge.

Tout le tour du fond du terrain et une bonne partie de l'avant était garnie de troènes.
Heureusement, nous avons parfois un peu d'aide dans nos menus travaux :

Merci Cédric pour ce petit tressage de noisetier
Merci Sylwia et Chris pour le décorticage de noisettes
Et hop on va se cueillir une courgette tranquillou
L'idée de notre terrain est qu'il y ait partout à manger et en toute saison.
Il y a des parcelles de potager sur tout le terrain, qui font en général un bras à deux bras de large, avec un pied de large pour les allées entre chaque parcelle pour pouvoir les travailler.
Ces parcelles sont dédiées aux cultures potagères qui nécessitent d'être plantées en ligne pour faciliter la récolte. 
Mâche dans pavés
Certaines cultures sont en cours « d' ensauvagisation », c'est à dire livrées à elles-même dans une partie du terrain non cultivée (non remuée). Par exemple, la mâche est semée dans les interstices de pavés autobloquants ou au pied des planches en bois délimitant les parcelles. Ainsi elle est récoltée en partie et le reste se resèmera au même endroit ce qui évitera de repenser à en semer... Elle se propagera alors un peu plus chaque année jusqu'à devoir être éliminée pour être mangée si elle déborde de sa zone. (dans le jargon on dit  que ça gagne ! )
L'observation est de mise également car elle permet d'avoir de nouvelles idées d'association.
Là où poussaient les chardons, j'ai mis des pieds d'artichaut. C'est la même famille de plantes, alors autant que ça se mange...
Là où la terre ressemble plus à du sable j'ai mis des griffes d'asperges

Notre aspergeraie, ici les racines
Y'a plus qu'à attendre 1 an pour déguster !

L'idée de la délimitation de zones sert à réduire les trajets potager-cuisine ou travaux de jardin-appentis ou jardin-cuve à eau-de-pluie etc.
Donc naturellement les aromates tels persil, ciboulette, basilic sont plantés au pied de la maison, tandis que le maïs sera relégué tout au fond du jardin.
Le trajet gourmand est aussi sympa à anticiper. Plutôt que d'aller au spot de framboises au fond du jardin, pourquoi ne pas aussi en mettre sur le trajet qui va de la maison à la buanderie. Hop en passant trois quatre framboises, le panier de linge à la main. C'est ça qu'est bon !
Blés  anciens au fond du jardin
Délimitation des parcelles
Plantations et semis
C'est pratique d'avoir des parcelles peu larges pour travailler dessus
La diversification des variétés est très importante pour moi aussi (ndlr : moi je dirais que c'est carrément une obsession ahah). Notamment parce qu'une framboise peut être rouge, mais aussi blanche, noire, violette avec parfois des goûts vraiment différents ! Le fait de planter beaucoup de variétés différentes permet aussi d'étaler les récoltes. Certaines variétés vont donner des fruits plus tôt que d'autres mais vont s'arrêter aussi très tôt. Il faut alors qu'un autre framboisier prenne le relais ! Et là je parle que des framboises mais pour tous les fruits (et légumes) c'est pareil ! Une carotte ou un navet, ce n'est pas qu'une carotte et un navet ! C'est en ça que le jardin est génial, on peut y découvrir un monde de saveurs inconnues jusqu'alors !

Une camerise, baie du camerisier, première baie de l'année avant les fraises!
Myrtilles américaines
Installation pour haricots grimpants
Je suis vraiment content de ce que j'ai pu aménager en un an et demi. Les parcelles sont quasiment toutes délimitées, alors qu'au printemps dernier je devais griffer chaque parcelle avant de semer, et ainsi me poser la question de l'emplacement. Maintenant ça y est, les parcelles on n'y touchera quasiment plus, et y a plus qu'à les nettoyer au printemps pour semer !

Plant et étiquette
Du coup sur le terrain, nous avons plein de fruitiers tout bébés partout avec des étiquettes blanches, jaunes ou oranges, alors j'ai mis plein de tuteurs pour repérer les plus petits d'entre eux (genre myrtilliers, airelles, ou cranberries minuscules), et je note scrupuleusement dans un cahier tous mes arbustes avec leur nom de variété et date de plantation.



Petite partie de notre récolte de noisettes

On a cultivé la lady  godiva : courge à graines, la courge en elle-même n'est pas bonne
Mais les graines sont top et n'ont pas besoin d'être décortiquées !

On réfléchit aussi à construire une cabane pour les enfants dans notre noisetier appelé Big Mama ou Champignon Nucléaire, qui prenait tout le fond du terrain, jusqu'à ce qu'on l'élague un petit peu au fur à mesure. L'idée de la cabane m'est venue alors que j'étais au creux de l'arbre en train de scier les branches extérieures. On se sent tellement bien dans un arbre ! C'est fou ! C'est une expérience à vivre.

En tout cas rien ne presse. On vise l'autonomie alimentaire sans stress. Notre objectif est de manger sur le jardin en toutes saisons.  Déjà des légumes frais, mais ensuite légumes secs (notre consommation de pois chiche est invraisemblable) et puis fruits bien sûr. Il faut alors apprendre non seulement à jardiner mais à corréler ça avec notre consommation. Qu'est-ce qu'on mange quand et en quelle quantité ? Une fois que la base de notre alimentation viendra principalement du jardin, alors j'aurai l'esprit un peu plus tranquille pour d'autres projets !
Je trouve cela tellement enrichissant de savoir produire sa nourriture, et pouvoir se reconnecter à ses besoins vitaux et à la saison car connaître les dates de récolte et durées de conservation des aliments s'apprend également...
Bref j'en ai encore pour quelques années d'apprentissage...