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lundi 25 novembre 2013

A nous Taïwan !

On quitte la Chine !
Et nous voilà prêts à embarquer pour 14h de bateau direction Taïwan. Pour la première fois de nos vies, nous allons dormir sur la mer !
 
Nous découvrons notre cabine de 4 lits, dans laquelle nos 2 hypothétiques colocataires ne pointeront jamais leur nez.
Vous remarquerez sur la photo que la porte n'a pas de partie basse...

On ne s'attendait pas à ce que le bateau tangue autant, et je dois dire que j'ai fait une grande découverte : j'ai le mal de mer ! Mais je n'étais pas la seule... Le fameux jour sous la porte nous a permis d'entendre l'ensemble du bateau vomir dans les poubelles du couloir, ce qui n'aide pas quand on a déjà l'impression d'avoir le cœur qui se décroche à chaque mouvement.

Avant d'embarquer



Ceci dit, au petit matin, la vie reprend son cours normal : tout le monde se jette sur le petit déjeuner gratuit et piaille à tout va.
Un vrai au revoir à la Chine, dans toute sa splendeur.

Taïwan en vue !
On débarque à Taïwan !
Pour la première fois, un passage de frontières nous accueille à bras ouverts ! Et oui, ici pas besoin de visa, un simple coup de tampon à l'arrivée nous permet de rester 90 jours. C'est même la première fois qu'on voit des douaniers aussi souriants et amicaux.

On fait nos premiers pas dans la ville de Kaohsiung, tout chancelants et là c'est la grande surprise : le calme ! Les gens ici ne crient pas dans leurs téléphones, ni pour se parler les uns aux autres, on a alors l'impression d'être nous-même devenus particulièrement bruyants !
On décide de passer une journée et une nuit dans cette ville avant de prendre le train pour rattraper la côte est et visiter un autre projet de permaculture.
14h de bateau ce n'est pas rien et quand plus haut je dis "tout chancelants" c'est que nous avons encore eu l'impression de tanguer jusqu'au lendemain matin.

Quitter la Chine pour Taïwan c'est vraiment un départ tout en douceur. Ici tout le monde parle le mandarin et on continue donc notre apprentissage de la langue. On se rappelle qu'on a changé de pays car la monnaie est différente (le dollar taïwanais, plus ou moins de la même valeur que le rouble) et le faciès des gens aussi n'est pas le même.

Kaohsiung est pour l'instant la seule ville que nous avons vu ici, donc nous ne tirerons pas des conclusions sur tout le pays, mais ce qu'il en ressort à nos yeux c'est un compromis parfait entre Chine et Japon, on a même instauré un petit jeu entre nous, on doit repérer tout ce qui nous fait penser à ces deux pays, et pour l'instant on est plutôt ex æquo : des gens qui regardent la télé sur le trottoir en pleine rue CHINE, un magasin de gadgets multicolores JAPON.

Ici tout le monde est sur sa moto ou son scooter, il y a des 2 roues absolument partout, de 12 à 99 ans. Et pour l'instant tout correspond plutôt à l'image qu'on nous avait dépeinte : de la nourriture délicieuse et des gens adorables !



Alex retente le tofu puant et il est bien meilleur à Taïwan !
Très bonnes petites pâtisseries : comme de la pâte à crêpes fourrée au haricot rouge et à la cacahuète

Au boulot !

Après avoir fait le plein de bonnes choses, nous prenons le train pour Taitung sur la côté est.
3h16 de train, ça paraît tellement dérisoire à côté des dizaines d'heures qu'on a déjà pu passer sur les rails. Enfin un pays à taille humaine ! Et en parlant d'humain, ici le contrôleur vient même nous voir personnellement avant le départ, pour s'assurer qu'on ne s'est pas trompés de train.

On a beau être sur une "petite" île, on voit un vrai changement dans les paysages au fur et à mesure du trajet : des palmiers, des cocotiers à perte de vue, des montagnes aussi, ça donne envie d'explorer tout ça.




On arrive à Taitung où on se fait interpeller par les chauffeurs de taxi aux bouches pleines de sang : ils passent leur temps à mâcher des noix de bétel. Ce sont des petites noix qui poussent sur un palmier, on en voit partout en vente dans les rues. Leur effet est à mi-chemin entre une cannette de redbull et un rail de cocaïne (à ce qu'on nous a dit évidemment !)
Non merci, on prendra plutôt le bus pour Dulan, petite ville au bord de l'océan où nous allons faire connaissance avec Peter, originaire du Wisconsin.

Peter vit à Taïwan depuis 20 ans et a fondé avec sa femme un centre de permaculture appelé "earth passengers". Actuellement leur tâche principale est de construire une maison / école sur un morceau de terrain qu'ils ont acheté il y a 6 ans. Malheureusement pendant notre séjour, sa femme était en déplacement ainsi que leur stagiaire, nous étions donc en comité très réduit.

La maison en construction
Salon de jardin artisanal
Notre campement de fortune




Ambiance dans la tente le jour puis la nuit, ce qu'on entend au loin ce ne sont pas des voitures mais les vagues ! 


Fleur de coton
Le cotonnier
Nos tâches ont été assez variées. Pour notre premier jour nous avons semé un champ de colza sur les dépouilles du champ de riz. Le colza est connu en permaculture pour redynamiser le sol, grâce à l'azote contenu dans ses racines CQFD. On commence d'abord par étaler une couche de paille uniforme sur le champ puis on sème.



Nous avons crée un petit coin de potager sur le terrain, évidemment pas en rangs bien propres...
On commence par constituer un lit végétal en plusieurs couches pour éviter que des mauvaises herbes y poussent et pour fournir de l'azote aux couches inférieures.
On recouvre ensuite de paille et on vient planter directement dedans : on écarte la paille, quelques pelletées de terre et hop.
On n'oublie pas de faire un petit chemin qui permettra de ne jamais piétiner la terre. L'avantage est qu'au fur et à mesure des années on a une couche d'humus de plus en plus épaisse, très bonne pour nos petits légumes,et donc moins de travail à fournir.
On plante les unes à côté des autres des plantes qui s'entendent bien, c'est à dire que le parasite de l'une est la nourriture de l'autre par exemple. Ça évite de se retrouver avec un parasite qui attaque tout un rang en jardinage traditionnel, et de ne pas avoir de récole du tout.




Nous avons raté la récolte du riz, mais nous étions là pour le faire sécher ! On l'étale au soleil, et on le remue toutes les 2 heures. Quand il est sec il ne doit pas pouvoir être cassé en deux sous la dent, ça demande un peu de pratique... Ce qui est rigolo c'est de voir des voisins débarquer et croquer le riz pour te dire si c'est bien sec ou s'il faut encore attendre...




Nous avons aussi fait des panneaux de paille pour les murs de la maison. Une idée bien pratique pour les murs intérieurs de chez soi (dans le Nord de la France pour les murs extérieurs, il faudrait une sacrée quantité de paille...) : rapide et efficace. On mélange de l'argile avec de l'eau, et on y ajoute de la paille.
On fait un coffrage autour du panneau à garnir et on le remplit de paille argileuse. Elle va durcir en séchant, on pourra alors démonter le coffrage et y appliquer un plâtre à base d'argile, de sable, de farine de riz gluant, de paille et d'eau. Et voilà un mur qu'on peut ensuite recouvrir de bambou, ou peindre...

Le bain de paille /argile
On remplit le coffrage de paille
De bas en haut, en reclouant des planches au fur et à mesure
A gauche le panneau préparé, à droite le produit fini
Ici l'étape intermédiaire : quand la paille a séché et que le coffrage a été enlevé
Dans les tâches plus "je risque ma vie au bout du monde" nous nous sommes aussi occupés du bassin pour les canards. Une mission bien anodine pensez-vous, mais c'est sans préciser que cette tâche inclue de sauver la vie à un loooong serpent prisonnier d'un filet pour les plantes aquatiques.
Dois-je préciser que la veille, en marchant dans ce coin du terrain j'avais senti quelque chose autour de ma cheville ? 

Alex maintient la tête avec un bâton et Peter essaie de couper le filet


Entre toutes ces activités, de nombreuses pauses fruits exotiques sont bien appréciables. On est entourés de manguiers, cocotiers, papayers, bananiers et on en profite ! Alex s'est découvert une véritable passion pour l'ouverture des noix de coco à la hache, et ça demande du boulot !


On commence par enlever toutes les fibres autour de la coco, à la hache donc !


Et ça fait plaisir aux poules !
Saurez-vous trouver les bananes qui se cachent sur cette photo ?
Champ d'ananas
Les bananes du marché, à peine 1 euro pour toute cette quantité...
La région où nous sommes est réputée pour la culture d'un fruit en particulier, le voici


Ça s'appelle l'annone, ça rappelle un peu le goût de la mangue mais c'est tout blanc et plein de graines à l'intérieur.

Les annones sur l'arbre, protégées des oiseaux...
par 2 bonnes couches de plastique !
La fierté locale !
C'est bien simple, ici il y a tellement de noix de coco, qu'on fait attention à nos têtes en marchant sous les cocotiers. Devant cette opulence, on a décidé de se faire un petit atelier transformation culinaire ! Et nous voilà à faire du lait et de l'huile de coco, délicieux !

On a laissé reposé une nuit de la noix de coco mixée à son propre jus
Ça a légèrement fermenté et le dessus est devenu plus solide, l'eau est retombée
On fait chauffer cette partie blanche jusqu'à ce qu'elle donne de l'huile
On filtre cette huile (ici on n'avait pas les outils appropriés donc elle est restée un peu opaque) et miam !
Pour info, vous pouvez garder l'eau de coco du fond du saladier, la filtrer et elle devient une super lotion après-rasage connue sous le nom de Tonic Coco !

Nous sommes restés 5 jours à Dulan et il était déjà temps de partir. Peter avait tout le temps l'air très pris, peu disponible et on s'est souvent sentis peu utiles voire carrément de trop... On dormait quasi en extérieur et ces derniers jours nous avons eu le droit à une pluie torrentielle (bienfaitrice après la chaleur étouffante). Il fallait aussi qu'on cuisine nous même notre repas dans une cuisine à 20 minutes de marche. Bref tout ça était peu pratique.
Quelques photos en vrac du coin :

Alex récolte de la citronnelle pour cuisiner

Que faire quand vous êtes au volant et que vous voyez ce panneau ?
Dans les rues, des plans d'évacuation en cas de tsunami
Quand on travaille c'est aussi pour rencontrer des gens, et idéalement des locaux, mais là nous étions livrés à nous-même, avec un américain peu pédagogue qui avait bien envie de se retrouver un peu seul. Ceci dit nous sommes contents d'avoir découverts quelques nouvelles techniques et d'avoir passé une soirée très sympa à faire des pizzas dans le four à bois. Là nous avons rencontré 2 amis de Peter, qui vivent à Taipei (capitale du pays) qui nous ont invité à passer du temps avec eux là-bas.

Et puis ici nous avions l'océan à 2 minutes à pied et ça c'est plutôt agréable ! C'est ce qui fait de ce petit village le paradis des surfers japonais.

Et maintenant...

Nous restons quelques jours dans les environs de Taitung puis on remontera tout doucement vers le Nord, on est en train d'échafauder nos plans !
Ce qui est sûr, c'est que nous resterons un mois à Taïwan. On avait dans un coin de la tête l'idée d'aller aux Philippines pour aider après le typhon mais tous les organismes recherchent des professionnels (médecins, infirmières, pompiers) devant l'ampleur des dégâts, et puis plutôt que de faire 15 jours dans chaque pays on préfère explorer celui ci plus en profondeur.

Nous avons donc pris notre billet d'avion pour la Thaïlande le 19 décembre prochain. Là aussi on s'est posés pas mal de questions. On savait qu'en allant à Taïwan on se retrouverait bloqués sur une île. Pour rattraper la Thaïlande par la terre il fallait repasser par la Chine et donc par la case visa. Et puis quand on arrive en Thaïlande par la voie terrestre on ne peut y rester que 15 jours, contre 30 jours quand on arrive en avion. Alors voilà, on a choisi l'avion et ça va nous faire faire un grand bond sur la carte du monde, c'est presque un peu bizarre...


La minute des amis terriens (par Alex)

Eh oui les amis ! Me voici aux commandes du blog pour un paragraphe exclusif consacré à … la vaisselle écolo !
Le bol tout gras !
Ben oui parce qu'avec notre idée d'acheter nos contenants en inox pour faire limiter les déchets c'est bien joli, mais lorsqu'on a fini de manger son tofu puant bien huileux, il faut nettoyer ses ustensiles !
Et il fallait que nous nous retrouvions en pleine nature pour que l'idée me vienne d'utiliser un produit miracle et ô combien pratique pour enlever le gras de notre fameux récipient !
Et je vous le donne en mille : la terre !

En fait, cette réflexion ne part pas de rien, elle vient du jour où nous avons acheté un couteau dans une coutellerie artisanale. Le coutelier nous avait conseillé pour l'entretien de la lame de nettoyer soit avec du vin, soit avec de la terre, ce qui à l'époque m'avait paru bien saugrenu. Et pourtant !

Alors voici comment procéder :

Prenez une bonne poignée de terre sèche bien poudreuse et mettez la dans votre récipient. C'est un moment agréable qui rappelle ses premières expériences enfantines dans le fond du jardin, vous verrez.
Mélangez à la main le gras et la terre, et vous verrez que la terre aura sitôt absorbé l'huile, et les restes d'aliments collés se détacheront très facilement.
Ensuite, vous aurez un récipient qui ressemblera à quelque chose de vaguement poussiéreux, mais il suffira juste de le rincer un petit peu pour observer sa brillance et son éclat, comme à sa date d'achat !
En outre, ce moyen permet de se passer de liquide vaisselle !
En réfléchissant un peu, je pense qu'utiliser de la cendre de bois marcherait tout autant, ou un mélange de cendre et de terre. 

Ce que je conseille donc pour faire la vaisselle :
Avoir un bac de terre/cendre, et un bac d'eau ! Et le tour est joué.


Oh, et nous avons profité de notre petite séjour ici pour se fabriquer un verre en bambou ! A nous le jus de canne à sucre dans la rue, sans gobelet plastique !


Et avec un couvercle s'il vous plait !